Il était une fois Hurbinek, l’enfant sans nom d’Auschwitz. Hurbinek, 3 ou 5 ans, ne savait ni marcher ni parler. Dans le camp il n’était l’enfant de personne. Jusqu’à ce que Henek, un adolescent de 15 ans, le prenne sous son aile, le cache, le nourrisse, l’habille, le protège comme un père bienveillant. Et qu’une nuit, Hurbinek dans son sommeil articule un mot.

 Quels rêves auraient été ceux d’Hurbinek s’il était né hors la cendre ?

Cette question, je me la suis posée en découvrant le modeste bloc notes qui se trouvait à portée d’yeux et d’écriture dans la chapelle Notre Dame de la Salette. Je venais de lire la Trève où Primo Levi témoigne de l’existence des deux enfants, du lien qui les unit.

Les vœux qui étaient déposés dans le carnet par des passants, pèlerins ou autres, faisaient un écho direct à ceux que j’avais récoltés auprès de visiteurs lors d’une installation antérieure à Nantes. J’avais alors vu durant le mois de l’exposition un mur entier se couvrir des souhaits très intimes de chacun. Des vœux bouleversants par leur fraicheur, leur naïveté, leur bienveillance, l’angoisse contenue parfois et qui rappelaient  de quelle étoffe nous, l’humain, nous sommes faits. Des vœux atemporels révélant de façon si simple et directe qu’à sa source l’homme est possiblement bon.

 Je décidais alors de donner un corps aux vœux muets de l’enfant Hurbinek.  

 Et je fais moi ce vœu que la sculpture qui le figure avec Henek lui ouvre pour nous le champ des mots. Qu’en y regardant bien et en tendant l’oreille, on puisse reconnaître dans le flot de souhaits qui sortent de sa bouche une petite musique très familière…

Que Notre Dame de la Salette m’entende…

                                                                                                                                                       Marie AUGER, Mai 2014

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