J’ai rencontré Gilbert un après-midi de juin. C’était le 20 à 15h00. Nous avions convenu au téléphone que je le rejoindrais chez lui en face du Parc des Princes non loin de la Porte de Saint Cloud.
A 15h00 juste je sonnais à sa porte.
C’était la seconde fois que je rencontrais un ancien déporté des camps de la mort : un homme qui avait été un temps en situation
EXTREME
De tout
Vie mort amour haine amitié sauvagerie art foi espoir désespoir absurde espoir à nouveau
ABSURDE finalement.
Aller vers Gilbert ce jeudi parisien, c’était tenter un rapprochement avec ce qui fut vécu là-bas. Glisser un œil immensément écarté par le trou de la lorgnette et regarder l’homme dans son fond.
B 3951
Ce tatouage sur le bras de Gilbert
Un encrage vie-mort pour toujours
Oublie ton nom avant n’existe pas
Tes racines c’est la cendre
Partir de là
S’ancrer à ce lieu « d’avant la géographie *»
Accepter la mise-à-nu ahurissante
De l’homme dans son pire et son meilleur
Décider que cet inouï-là donnerait « la mesure de nos jours*» présents et à venir
Et en toute conscience, alors,
A cœur et à corps volontaires
Affirmer le désir d’Etre là
En vie
Pour les beaux yeux du monde.
Et l’absurde en bandoulière
Tendre une oreille attentive aux REVES des enfants d’aujourd’hui.
Marie AUGER, octobre 2013
*Charlotte Delbo, Aucun de nous ne reviendra , La mesure de nos jours