Il y a quelques années, madame G. est allée à Auschwitz-Birkenau. Elle s’est rendue au bord de l’étang du souvenir.

Lit de cendres, il était couvert de roses. C’est ici même qu’elle découvrit à fleur de terre un petit bouton de rien du tout.

Une petite chose ronde d’un blanc jauni dont la substance s’apparentait à l’os. Ce bouton minuscule semblait lui tendre la main. Elle s’est accroupie, a ramassé  le bouton, s’est bien gardé de retirer la terre qui l’enveloppe encore aujourd’hui.

De ce bouton de chair et de cendres qui est venu jusqu’à moi par l’histoire transmise,  j’ai fait la pièce maîtresse de l’installation présente. Car par delà l’objet si précieux je vois la robe de la fillette sur laquelle, peut-être, il fut cousu. Je vois une main qui se tend au-dessus du temps et dans sa suite, des générations de mains qui ici furent brûlées, d’innombrables noms à tout jamais perdus et qui aujourd’hui semblent faire signe pour se rappeler à la vie et à nos mémoires défaillantes.

 

Pour moi il s’agira toujours d’attraper cette main et de rendre hommage et dans cet acte là, de donner à l’acte de transmission son poids et sa nécessité. 

                                           Marie AUGER,   1er janvier 2013