« Avance petite. Redresse-toi et avance. Grimpe sur le dos de la peur. Danse avec la chute. Rêve. Rêve sans discontinuer. Et dans les terrains vagues de l’imaginaire, construis des nids. Puis remets toi  en chemin. Avance encore à la rencontre. Cherche l’Ami. »

 

Ainsi ai-je parlé à mes enfants. Ainsi parlaient mes Anciens. D’eux j’ai reçu une force bienveillante qui fait franchir les obstacles pour  aller à l’Autre. Les Berbères plaçaient cette force vivifiante en l’olivier. Klein l’avait découverte dans son bleu qu’il nous léga.

Après ces temps troublés de repli, j’ai eu nécessité de partager la part de bleu reçue et la branche d’olivier. Offrir ce tout précieux comme cadre fortifiant pour accompagner  la reprise de la marche, le redressement  du corps et de l’esprit soudain émerveillés, surpris de cet émerveillement. Le monde pouvait être beau. On s’en souvenait soudain. Il suffisait d’arrêter la course folle.

Douloureuse révélation aussi :  le monde pouvait aller sans nous. Le monde irait peut être mieux sans nous.

Recalage…

Alors, de toute urgence ne plus flancher à nos émerveillements. Réactiver la mémoire d’ Izieu, 6 avril 1944. Se souvenir aussi de Gilbert  24 ans, survivant d’ Auschwitz, de Marc, Jean , Jacqueline, enfants juifs traqués pendant la guerre. Masqués eux  aussi mais plus terriblement…

« Vergesst mein nicht »…

Par delà l’érosion du temps et de nos écrans, recevoir l’héritage.  L’histoire  de ces printemps fauchés est la nôtre, celle de nos enfants.

Réinterroger nos transmissions. Relire Camus pour confirmer nos choix. La Peste, Le Premier Homme, plus incarné, moins cérébral.

Et décider fermement d’être enfin à la hauteur de nos enfants. Leur rendre la part de monde spoliée.  Leur faire place.

Avancer sur ce fil de rien que nous ne pourrons tisser qu’avec.  Et retrouver la grâce pleine d’être au monde poétiquement,

PARMI et non plus au centre.

 

Haut les cœurs donc, le myosotis entre les dents !

 

Marie, AUGER  9 juin 2020